A un an de la présidentielle au Mali, les partis politiques vivent diverses fortunes. Tandis que certains comme ADP-Maliba ont déjà pratiquement désigné leur candidat pour cette importante échéance, d’autres continuent de chercher le profil idéal. On assiste même à une guerre des tranchées qui pourrait conduire à une implosion de certains partis. Comme ce fut le cas pour l’Adema-PASJ en 2002, après le départ du pouvoir d’Alpha Oumar Konaré.
Il y a quelques jours, les nouvelles autorités ont annoncé que la présidentielle se tiendra le 27 février 2022 pour le premier tour et le 13 mars pour le second. Elle doit mettre fin à la transition et ouvrira une nouvelle ère démocratique au Mali. A un an de cet important scrutin, certains partis politiques ne sont visiblement toujours pas prêts. C’est le cas des trois grands : le Rassemblement pour le Mali (RPM), l’Union pour la république et la démocratie (URD) et l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ). On assiste en leur sein à de véritables guerres de tranchée ou à des coups bas pour écarter les adversaires directs. Des manœuvres qui pourraient provoquer l’implosion de ces formations politiques aujourd’hui à la dérive et sans repères.
Des tensions palpables au RPM
Ex parti au pouvoir, le RPM tente de se remettre du coup d’Etat contre son président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020. Le parti fait profil bas et tente une réorganisation de ses structures. Parallèlement, il doit se choisir un candidat pour la prochaine présidentielle. Et le temps presse. « La candidature naturelle n’existe pas. Il y a la candidature acceptable. Nous allons soutenir celui ou celle qui sera le mieux préparé(e) pour porter nos projets, et la décision sera prise conformément aux textes du RPM », a indiqué Baber Gano, secrétaire général du parti. Mais les choses ne s’annoncent pas facile avec les différents clans en présence menés par Bokary Treta, Moussa Timbine, Baber Gano pour ne citer que ceux-ci.
Une situation aussi explosive à l’Adema
Même indécision à l’URD, orpheline de Soumaïla Cissé décédé le 25 décembre dernier. Ces derniers jours, une rumeur fait du Dr Boubou Cissé, le futur candidat du parti. L’ancien premier ministre, que l’on annonce partout, aurait les atouts relationnels et financiers pour conduire l’URD au palais de Koulouba dans moins d’un an. Certaines sources propulsent également le président du mouvement Mali En Action (ME) Mamadou Igor Diarra, récemment arrivé au parti, Me Demba Traoré ou encore Bocar Cissé, fils de Soumaïla Cissé. A l’Adema, c’est aussi compliqué qu’au RPM. Il n’y a toujours pas un consensus autour d’un candidat. Mais un groupe tenterait d’imposer le milliardaire Seydou Coulibaly comme porte-étendard du parti en 2022 alors que Tiemoko Sangaré essaie de rempiler à la tête du parti pour en devenir le candidat.
Aliou Diallo favori de l’élection présidentielle de 2022 ?
D’autres partis, en revanche, semblent plus sereins depuis plusieurs mois. C’est notamment le cas de Yelema de l’ancien premier ministre Moussa Mara, et de l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba). Ces formations politiques ont déjà choisi leur candidat naturel, en la personne de leur président. A l’ADP-Maliba, le troisième parti du Mali si l’on se fie à la dernière élection présidentielle, son leader Aliou Diallo qui avait fini troisième derrière Ibrahim Boubacar Keita et Soumaïla Cissé, sera naturellement dans les starting blocks.
Dans la recomposition actuelle de la scène politique marquée par l’absence de ses deux anciens challengers, les analystes voient Aliou Diallo et Moussa Mara comme favoris du scrutin de 2022. Un récent sondage du cabinet Statix donne d’ailleurs 27% des intentions de vote au premier tour à Aliou Diallo, devant Moussa Mara (17%). Depuis plusieurs mois ADP-Maliba est sur le terrain au Mali, dans les villes comme dans les zones rurales. Le parti a récemment essaimé des bureaux sur le territoire national et même dans certains pays d’Afrique, notamment en République démocratique du Congo et au Sénégal. Il compte également une importante base en Côte d’Ivoire, où vit la moitié de l’électorat malien à l’étranger.