Le groupe américain, pionnier des énergies propres, s’associe désormais aux géants de la technologie pour leur fournir des centres de données à travers les États-Unis. Une manière de tirer parti d’une demande en plein essor dans un environnement national de plus en plus défavorable aux énergies vertes.
Moins 2,6%. Telle était la baisse enregistrée par le titre NextEra lundi 8 décembre à Wall Street. Un signal préoccupant pour la nouvelle orientation du groupe californien, longtemps présenté comme un champion des énergies renouvelables. En cause, les doutes des investisseurs quant à la capacité du géant floridien à s’imposer dans l’univers technologique.
En effet, ce même jour, NextEra annonçait avoir signé une série d’accords avec plusieurs mastodontes du numérique pour concevoir des centres de données, ces infrastructures, véritables cœurs névralgiques d’Internet, qui hébergent des milliers de serveurs traitant des données en continu.
Dans ce cadre, la société s’engage à soutenir Alphabet et Google Cloud dans le développement de sources d’énergie propres. Elle prévoit également de fournir près de 2,5 gigawatts de capacité renouvelable à Meta, la maison mère de Facebook.
Une réorientation stratégique
Ces volumes seront livrés à travers plusieurs projets dont la mise en service est programmée entre 2026 et 2028. Parallèlement, NextEra renforce sa présence dans le gaz naturel avec l’acquisition de Symmetry Energy Solutions, un important distributeur du secteur.
Cette offensive répond à la demande croissante des acteurs de l’intelligence artificielle pour les centres de données. D’après la chaîne Firstpost, en 2023, l’entraînement d’un seul grand modèle d’IA pouvait consommer autant d’électricité que 100 000 foyers sur une année. Des systèmes comme ChatGPT, alimentés par d’immenses infrastructures numériques, symbolisent cette explosion énergétique.
Des assistants vocaux aux outils d’analyse prédictive, ces modèles avalent des quantités colossales d’énergie pour faire tourner des algorithmes de plus en plus complexes. En misant sur ce créneau, NextEra cherche à capitaliser sur une demande structurelle, alors même que l’administration Trump déploie une politique défavorable au secteur vert.
Entre pragmatisme et scepticisme
« Nous serons déçus si nous n’en faisons pas davantage », a déclaré le PDG John Ketchum devant les investisseurs réunis à New York, en évoquant un plan visant à construire 15 gigawatts de capacités supplémentaires destinées aux hubs de data centers d’ici 2035.
Les analystes, toutefois, appellent à la prudence. Tim Winter, gestionnaire de portefeuille chez Gabelli Funds, estime d’après Bloomberg, que toutes les nouvelles centrales à gaz de la société devraient bénéficier de contrats à long terme plutôt que de dépendre des fluctuations du marché.
« Ils ont été des développeurs d’énergies renouvelables exemplaires, parmi les meilleurs du secteur. Désormais, les investisseurs doivent mesurer si cette expertise peut se traduire dans le gaz », souligne pour sa part Andy Bischof, analyste chez Morningstar Inc., cité par le média américain.
