La préfecture a rejeté la demande de nouveaux forages pétroliers d’une entreprise canadienne dans cette région durement touchée par les effets du changement climatique, avec les violents incendies de 2022.
Il n’y aura pas de nouveaux forages pétroliers en Gironde. Ainsi en a décidé la préfecture, mercredi 11 juin, douchant les espoirs de Vermilion Energy. La société basée à Calgary, en Alberta, dans l’ouest du Canada, détentrice de vingt-sept concessions dans le bassin d’Arcachon, visait huit sites pétroliers supplémentaires.
De quoi augmenter sa production journalière de 1 500 barils issus de ce site sur un total de 12 000 répartis sur ses différentes activités en France, et ainsi « stabiliser la production du site, en luttant contre le déclin naturel du gisement », selon les termes du groupe rapportés par Le Monde.
Mais c’était sans compter avec la désapprobation du préfet Étienne Guyot, lequel justifie son refus par l’incompatibilité du projet avec les objectifs climatiques de la France, pays qui se pose en locomotive de la transition écologique en Europe.
Dans son arrêté consulté par Le Monde, la préfecture souligne que ces nouveaux forages d’hydrocarbures contribueraient aux émissions de gaz à effet de serre et iraient à l’encontre de l’ambition française d’atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément aux accords de Paris.
L’épilogue d’une longue bataille ?
Pour la préfecture, qui rappelle l’alerte de l’Agence internationale de l’énergie, « le volume d’hydrocarbures pouvant être encore utilisés » afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C « est déjà couvert par les infrastructures existantes ».
Cette décision, saluée par les militants écologistes, intervient après trois années d’intenses batailles autour de ce projet. Ses opposants évoquent notamment la fragilité de cette région, ravagée en 2022 par des incendies d’une rare violence, pour justifier leur position.
« Que l’on puisse accepter de nouveaux puits après tout ce qui s’est passé ici me semble aberrant », s’insurgeait Claire Méricq, porte-parole de Greenpeace Bordeaux, l’une des ONG à l’avant-garde de la mobilisation anti-forage, dans une déclaration au Monde en 2023.
… Ou le début d’une autre ?
Au milieu de ces débats, le gouvernement s’est montré changeant sur le sujet. Ainsi, alors que l’ancien ministre de la Transition écologique Christophe Béchu soutenait l’initiative de Vermilion, estimant préférable d’exploiter le pétrole français plutôt que de l’importer, sa successeure Agnès Pannier-Runacher a clairement exprimé son opposition en février dernier, privilégiant les projets énergétiques décarbonés.
La firme canadienne se dit désormais « très surprise et déçue » par la décision préfectorale, invoquant ses droits d’exploitation jusqu’en 2040 selon la loi Hulot. Celle-ci interdit certes la recherche de nouveaux gisements mais n’empêche pas de nouveaux forages sur les concessions existantes.
Vermilion, qui dénonce une décision illégale, examine déjà les recours possibles, laissant présager une nouvelle bataille devant la justice. Face à cette menace juridique, la préfecture maintient que l’administration peut refuser un projet de recherche d’hydrocarbures « en se fondant sur le motif d’intérêt général de limitation du réchauffement climatique ».