Une des inscriptions de Boris Presseq et Pierre-Olivier Cochard

Toulouse : des graffitis à la craie pour encourager à la végétalisation

 

A Toulouse, Boris Presseq et Pierre-Olivier Cochard utilisent des graffitis à la craie pour encourager les habitants à la végétalisation de la ville. Inscrits à la main, les tags renseignent les noms des plantes qui poussent dans la rue. Les deux botanistes ont choisi de mettre en évidence les dénominations communes, de préférence poétiques ou évocatrices.

Les graffitis se répandent, quartier après quartier

Presseq et Pierre-Olivier Cochard sont deux botanistes de Toulouse qui essaient de récréer, d’une manière assez originale, le lien et le respect entre l’humain et le végétal. Ils écrivent à la main des tags de plantes qui poussent dans les quartiers de la commune. Et pour bien faire les choses, ils choisissent des dénominations très poétiques car la nature est avant tout Beauté.

« Laitue sauvage », « Figuier », « Eleusine d’Inde », sont quelques inscriptions à la craie que l’on peut lire dans des interstices de bitume ou sur le sol dans le quartier de Busca, en bordure du centre historique. Les rues du quartier de Saint-Pierre sont également marquées de graffitis avec des dénominations de plantes.

Les étiqueteurs s’inspirent de l’artiste nantaise, Frédérique Soulard

Si l’initiative passionne aujourd’hui la toile locale, M. Presseq et un collègue Pierre-Olivier Cochard n’avaient pas au départ l’intention d’être mis sous les feux de la rampe. Pour eux c’était juste un geste banal pour apporter sa pierre à l’édifice environnemental. L’idée est née un peu par hasard, au détour d’une étude de la biodiversité sauvage menée quartier par quartier. Cette étude faisait suite à un premier recensement entre 2004 et 2014 des plantes sauvages poussant à Toulouse. Quelque 800 espèces ont été répertoriées, dont 20 % d’origine exotique, échappées des jardins ou parcs botaniques. Parallèlement, les étiqueteurs ont eu connaissance du projet Belles de bitume d’une artiste nantaise, Frédérique Soulard. La graffeuse est la première à avoir étiqueté les plantes dans la rue.

Tout de suite, ça fait tilt dans leur tête : « on a trouvé ça marrant », confie tout sourire M. Presseq. En reprenant le concept à leur compte, le duo a choisi de jouer sur les mots. Au lieu d’écrire les noms latins, jugés trop scientifiques, Presseq et Pierre-Olivier Cochard ont opté pour des appellations poétiques ou évocatrices. Par exemple : ruines de Rome, renouée des oiseaux, ou pariétaire de Judée.

Une solution à la hausse des températures dans nos villes

Pesseq explique que cette opération doit inciter les gens à « laisser pousser les plantes plutôt que de se dire qu’il faut s’en débarrasser ». Pour le botaniste de 45 ans, « C’est quand même une super chance d’avoir sur nos trottoirs des espèces qui poussent toutes seules, sans entretien, le minimum serait d’y faire attention ». A une époque où nos villes sont en surchauffe, la végétalisation des bitumes va contribuer à baisser les températures. « On peut faire toutes les canopées qu’on veut, si on perd le végétal au sol cela ne sert à rien, ce sont les surfaces enherbées qui luttent contre le réchauffement », indique-t-il. Face à l’engouement que suscite son projet, M. Pesseq se prend maintenant à rêver : « Si on laissait Toulouse évoluer sans les humains, la ville serait recouverte de figuiers », s’enthousiasme-t-il. En attendant, « on pourrait déjà se nourrir de pêches et d’amandes en sillonnant les périphériques à la fin de l’été », anticipe-t-il.

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