L’organisation de protection de l’environnement vent debout contre les trafics d’uranium de retraitement entre Paris et Moscou, a mené une opération de protestation mardi 12 octobre chez Orano.
« Le nucléaire n’est pas vert », « Arrêtez le trafic radioactif », « La Russie n’est pas une poubelle » ! Au siège d’Orano mardi 12 octobre, les messages étaient on ne peut plus clairs, la cible aussi. L’image reflétée par les militants de Greenpeace vêtus de combinaisons de protection près de contenants radioactifs fictifs ne l’était pas moins. Elle traduisait pour ainsi dire la présence sur les lieux, d’un produit potentiellement dangereux aussi bien pour l’environnement que pour l’homme.
Il s’agit en l’occurrence de l’uranium de retraitement que la multinationale française, une des grandes spécialistes de ce combustible nucléaire, envoie depuis plusieurs mois en Sibérie sur fond de transaction commerciale avec la Russie à travers l’entreprise publique Rosatom. Cette dernière de l’avis même d’Orano cité par une source de l’AFP devrait accueillir très prochainement plus d’un millier de tonnes de cet uranium appauvri dans ses installations en exécution d’un contrat conclu l’année écoulée, dans le but d’alimenter les réacteurs du pays.
C’est une transaction parfaitement légale entre deux entités du même secteur. Car le nucléaire a beau constamment susciter la controverse entre ses défenseurs et ses détracteurs de par le monde, le trafic de l’uranium réutilisable n’en reste pas moins admis par la loi.
La Russie, une poubelle ?
Au grand désarroi de Greenpeace qui milite depuis plusieurs années pour son interdiction. À en croire l’organisation activiste, il s’agit d’une matière extrêmement nuisible à l’environnement. Et c’est tout le sens de l’opération de ses militants au siège d’Orano accusé de se débarrasser de ses « déchets nucléaires » en Russie. Un pays qui n’en aurait aucunement besoin, selon Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France interrogé par Le Parisien. Le militant indique notamment que le pays croule lui-même sous un volume important d’uranium de retraitement. Plus irritant pour l’ONG de préservation de l’environnement, cet uranium usagé une fois arrivé chez Rosatom, y est stocké dans des conditions peu recommandables, ce qui accroît les risques de dégradation environnementale.
Greenpeace alerte donc Orano et le ministère français de l’Environnement par ricochet, sur cette situation peu écologique. D’autant qu’EDF, un autre acteur du secteur énergétique français, avait conditionné en 2018, la mise en exécution de son contrat avec Tenex, filiale de Rosatom, destiné au convoyage d’uranium de retraitement en Russie, au respect des normes environnementales par l’entreprise russe.