Une juge fédérale torpille le décret anti-éolien de Trump

Cette décision, perçue comme un succès pour les énergies renouvelables, reste néanmoins d’une portée restreinte face à l’orientation pro-hydrocarbures de l’exécutif américain.

« Arbitraire, capricieux et contraire à la loi ». C’est en ces mots que la juge fédérale Patti Saris a démantelé le décret signé le 20 janvier dernier par Donald Trump.

À peine revenu à la Maison-Blanche pour son second mandat, le président américain avait ordonné la suspension des permis pour tous les projets éoliens à travers le pays. Cette directive s’inscrivait dans la doctrine énergétique du chef d’État, favorable aux carburants fossiles et particulièrement opposée à l’éolien en mer.

Dans les faits, cette décision a paralysé des dizaines d’initiatives, dont d’immenses parcs offshore sur la côte Est, gelant des milliards de dollars d’investissements et compromettant des milliers d’emplois potentiels dans la filière.

Un coup dur pour les acteurs du secteur, qui ont saisi la justice, via une coalition de dix-sept États, rejointe par le district de Columbia et plusieurs organisations environnementales.

Un moratoire invalidé

Les plaignants soutenaient notamment que le décret présidentiel excède les pouvoirs constitutionnels du président et mettait en péril leurs économies régionales, leur politique énergétique, la santé publique et leurs engagements climatiques.

Ils ont également rappelé que d’importants capitaux privés avaient déjà été investis dans le développement de projets éoliens et dans les infrastructures de transport nécessaires à l’intégration de cette énergie sur le réseau.

Dans une décision rendue le 8 décembre, la juge Saris a annulé l’ordonnance dans son intégralité, estimant que l’administration fédérale n’avait fourni aucune base légale crédible justifiant une mesure aussi extrême touchant un secteur en pleine expansion.

Peu après, la porte-parole de la Maison-Blanche, Taylor Rogers, a défendu la position de l’exécutif, affirmant que l’administration Biden avait accordé aux promoteurs de l’éolien un « traitement préférentiel injustifié », tandis que d’autres branches de l’industrie énergétique restaient soumises à des contraintes lourdes.

Une victoire symbolique et un avenir incertain

Rogers a justifié la politique énergétique de Trump en expliquant que l’administration cherchait à élargir la « dominance énergétique globale de l’Amérique » pour des raisons économiques et de sécurité nationale. Selon cette vision, favoriser exclusivement l’éolien au détriment d’autres sources d’énergie, notamment fossiles, nuirait aux intérêts stratégiques du pays

Pour les plaignants, le jugement s’apparente à une véritable bouffée d’air. Le Natural Resources Defense Council (NRDC), cité par Bloomberg, a ainsi salué une décision « bénéfique pour les consommateurs, les travailleurs, les entreprises et l’environnement », exhortant l’administration Trump à « cesser ses actions illégales » et à « laisser progresser les renouvelables ».

Les défenseurs de l’éolien espèrent y voir le signal que la justice fédérale n’entérinera pas sans broncher la croisade présidentielle contre les énergies propres. L’enjeu est majeur, alors que l’éolien représente aujourd’hui près de 10% de la production électrique américaine et figure parmi les sources les plus compétitives du marché.

Mais cette victoire judiciaire pourrait n’être, à court terme, qu’un gain symbolique. Le jugement n’oblige en effet en rien l’exécutif à octroyer de nouveaux permis, y compris pour les grands projets offshore que l’administration a promis de réexaminer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *