Tandis que les constructeurs automobiles multiplient les arguments pour retarder l’échéance européenne de 2035 – date butoir pour l’interdiction des véhicules thermiques neufs -, deux études majeures viennent de clore (définitivement ?) le débat.
C’est une question tellement répétée qu’elle a fini par devenir rhétorique : « les véhicules électriques sont-ils vraiment écologiques ? », notamment dans certains cercles climatosceptiques et à l’extrême droite. Deux récentes études apportent désormais des éléments de réponse définitifs.
Le verdict de l’ONG berlinoise ICCT (Conseil international pour des transports propres) est sans appel : la voiture électrique pollue 73% de moins que son homologue thermique, même en comptabilisant l’intégralité de son cycle de vie.
Cette précision est cruciale face à la stratégie des constructeurs, qui détournent l’attention des émissions à l’échappement (où l’électrique affiche 0g de CO₂) vers l’analyse du cycle de vie complet (où ils espèrent réduire l’avantage de l’électrique).
L’objectif ? Faire retarder le plus longtemps possible l’entrée en vigueur du règlement européen stipulant qu’à partir de 2035, seuls les véhicules à émissions nulles pourront être vendus neufs dans l’Union.
Le mythe de la production polluante s’effrite
Certes, fabriquer une voiture électrique génère 40% d’émissions supplémentaires par rapport à un modèle thermique équivalent. Mais cette réalité, souvent brandie comme un étendard par les détracteurs de l’électrique, masque une vérité bien plus nuancée.
Il suffit en effet de 17 000 kilomètres pour que l’électrique rattrape son retard. Soit à peine un à deux ans d’utilisation pour un automobiliste moyen. Passé ce seuil symbolique, chaque kilomètre parcouru creuse inexorablement l’écart en faveur de la mobilité électrique.
Selon Marta Negri et Georg Bieker, auteurs de l’étude ICCT, une voiture à essence ou diesel crache 235 grammes de CO₂ par kilomètre sur l’ensemble de sa vie, quand une électrique plafonne à 63 grammes.
Entre les deux, les hybrides classiques atteignent 188 grammes, tandis que leurs cousines rechargeables se contentent de 163 grammes. Alimentés à l’hydrogène « vert », les véhicules atteignent des performances comparables à l’électrique avec 50 grammes de CO₂ par kilomètre.
Une Europe à géométrie variable
En revanche, avec l’hydrogène « gris » actuellement disponible (produit à partir de gaz naturel), les émissions grimpent à 175 grammes par kilomètre, soit un niveau similaire aux véhicules hybrides. Parallèlement, Pascal Canfin, député européen Renaissance, a mené sa propre enquête sur l’adoption de l’électrique en Europe.
Si la moyenne européenne plafonne à 15,2% de véhicules électriques neufs vendus au premier trimestre 2025, certains pays démontrent un appétit remarquable pour cette technologie. Le Danemark caracole en tête avec 65,5% de ventes électriques, suivi des Pays-Bas (35%), de la Finlande, Belgique et Suède (33% chacun).
« Dans les pays les plus avancés, il y a toujours un écosystème favorable : la fiscalité, l’infrastructure et le coût de recharge jouent un rôle majeur. Le cœur du sujet, ce sont donc les politiques d’accompagnement et pas la technologie. Si certains pays font mieux que les objectifs réglementaires, c’est bien que la technologie fonctionne », tranche l’ancien journaliste cité par Le Monde.