Le géant de l’aquaculture « Cooke » est menacé d’une procédure judiciaire par des défenseurs de l’environnement pour ses activités au large du Maine.
La Conservation Law Foundation (CLF), organisation environnementale de premier plan, connue pour son utilisation stratégique de la loi pour défendre les écosystèmes et les communautés locales, a fait connaître le 16 novembre dernier, son intention de poursuivre en justice la Cooke Aquaculture.
L’entreprise basée dans le Nouveau-Brunswick, l’une des provinces maritimes de l’est du Canada, est réputée pour ses fermes aquacoles en mer où elle élève notamment des saumons destinés à la consommation. Une activité désormais à l’origine de la discorde, selon le préavis de poursuite consulté par Associated Press (AP).
Pour cause, celle-ci est accusée de transformer les eaux cristallines du Maine en véritable décharge marine. De quoi mettre en péril cette destination prisée entre autres pour ses paysages côtiers, son industrie du homard, et son patrimoine naturel et culturel peu égalé dans le monde.
« Ces immenses cages à saumons sont comme des égouts à ciel ouvert déversés dans l’environnement marin« , tonne Heather Govern, vice-présidente du programme air et eau propres de la CLF, cité par l’agence de presse américaine.
Un cinglant réquisitoire
Des propos à la hauteur de l’exaspération de cette organisation environnementaliste, dont le tableau peint de la situation est particulièrement accablant pour Cooke. Il est ainsi évoqué le fait que des masses de déchets organiques – les excréments de poissons et des poissons morts – s’accumulent sur les fonds marins, étouffant la vie aquatique sur place.
La présence de parasites est également mentionnée. À l’instar du redoutable pou de mer (ou pou du poisson), qui prolifère allègrement dans ces conditions d’élevage intensif, menaçant les fragiles populations de saumons sauvages déjà en voie de disparition.
Il s’agit selon la CLF, d’autant d’atteintes au Clean Water Act (CWA), du nom de cet outil juridique clé destiné à protéger la qualité des eaux aux États-Unis et garantir que les activités humaines ne compromettent pas les écosystèmes aquatiques ni la santé publique.
Accusations et risposte
D’où la décision du groupe environnemental de porter l’affaire devant un tribunal fédéral du Maine, dans une affaire dont les enjeux dépassent largement le cadre local. Car les fermes aquacoles visées pourraient nuire durablement à cette région du Maine et son vieux patrimoine maritime.
Face à ces accusations, Cooke Aquaculture se veut serein, y opposant notamment une fin de non-recevoir catégorique. « L’aquaculture coexiste avec les pêcheries traditionnelles, comme la pêche au homard, dans les eaux du Maine depuis plus de 40 ans« , réplique l’entreprise dans un communiqué rapporté par AP.
Elle affirme par ailleurs être en règle vis-à-vis de la loi, insistant sur le fait que ses installations sont « régulièrement inspectées par les autorités » et soumises à « des rapports de surveillance réguliers ».