La start-up grenobloise BeFC a mis au point une pile écologique à base de papier pour appareils jetables ou portables à basse puissance. Primé dans la catégorie Environnement & Energie du prix 10.000 startups pour changer le monde, organisé par La Tribune, ce dispositif électronique pourrait avoir des applications dans la logistique, le domaine médical ou les objets connectés à Internet.
La startup grenobloise BeFC, spin-off du CNRS, a remporté le prix 10.000 startups pour changer le monde, organisé par La Tribune, avec une biopile enzymatique à base de papier pour appareils jetables ou portables à basse puissance. Déjà présentée au CES en janvier 2020, cette innovation ultraplate, flexible et miniature vise à utiliser la microfluidique, inhérente au papier, pour y adjoindre un procédé de conversion enzymatique du glucose et de l’oxygène en vue de produire de l’électricité. « Nous avions remarqué une tendance au sein de l’industrie de l’Internet des objets (IoT), qui était de fournir des packagings connectés à usage unique. Dans la santé par exemple, des capteurs sont intégrés sur des patchs à usage unique ou des produits comme un test de grossesse ou d’ovulation », explique le Dr Jules Hammond, qui a eu l’idée de concevoir ce produit innovant.
Une équipe pluridisciplinaire à la commande
Ce chercheur titulaire d’un master en électronique puis d’un doctorat en électronique et biodétection a su réorienter des travaux précédents, sur un nouveau modèle de biopiles implantables, vers le développement d’une première batterie en milieu aqueux. Il a dû s’entourer d’une équipe pluridisciplinaire depuis 2018 : le Dr Michael Holzinger pour sa spécialisation dans le domaine des nanotechnologies et nanomatériaux, le Dr Jean Francis Bloch pour son expertise du papier, ainsi que le Dr Andrew Gross, spécialisé dans l’électrochimie et les matériaux de surface.
Un intérêt particulier pour le marché de l’IoT
La pile écolo de BeFC permettra de proposer une alternative s’inscrivant dans une démarche de recyclage et de transition énergétique. Aujourd’hui, les piles existantes, généralement à base de lithium, finissent à la poubelle la plus part du temps, sans pouvoir prétendre à un recyclage ni à un démantèlement.
Grâce à son composant et à sa taille, le biopole offre de nombreuses applications : la logistique, à travers le suivi de colis, le domaine médical ou encore le secteur des objets connectés à Internet (vêtements, patchs, etc.). « Le marché de l’IoT est colossal puisque certaines études prévoient que l’on atteigne les 24 milliards de dispositifs connectés d’ici 10 ans », estime Jules Hammond. Pour les dispositifs médicaux, le chercheur pense par exemple aux tests de grossesses compte tenu du fait que la pile peut fournir une énergie répondant à une consommation plus ou moins fréquente, de l’ordre du microwatt au milliwatt.
Une chaîne robotisée pour booster la production
BeFC a l’intention de produire 5 millions de piles par an d’ici 2022. Pour atteindre cet objectif, la startup a réalisé une levée de fonds de 3 millions d’euros en juillet dernier. Elle prévoit de monter sa ligne de production robotisée et de compléter son équipe, pour l’heure essentiellement composée de docteurs. De 8 collaborateurs, la jeune pousse devrait passer à 14 d’ici à la fin de l’an prochain.