La découverte d’émanations naturelles d’hydrogène en divers endroits du monde relance le rêve d’une énergie propre et bon marché. Mais les scientifiques estiment que nous devons d’abord comprendre l’origine de ces échappements et leur évolution dans le temps avant d’espérer une exploitation industrielle à grande échelle.
Des échappements d’hydrogène naturel ont été observés en Russie, aux États-Unis (dans le Kansas) et en France dans le Cotentin, ces dernières années. Ces découvertes ont complètement relancé le rêve d’une énergie propre et à moindre coût. Déjà au Mali, où l’hydrogène naturel a été découvert par hasard lors d’un forage d’eau en 1987, la société Petroma exploite cette ressource avec une unité pilote, qui fournit au village de Bourakébougou de l’électricité verte depuis 2011. Mais ce village restera-t-il une exception ou préfigure-t-il un changement de grande ampleur ?
L’hydrogène naturel : un gaz propre et renouvelable
La situation de l’hydrogène naturel évoque celle du pétrole. Dans l’Antiquité déjà, les habitants du Moyen Orient voyaient le pétrole s’écouler comme de l’eau à la surface du sol, le plus souvent le long des failles. Ils l’ont très vite utilisé comme combustible, pour le calfatage des bateaux et dans les procédés de momification. Pourtant, il a fallu quelques millénaires pour comprendre l’origine de ces épanchements. Et c’est finalement au début du XXe siècle que l’exploitation de ce liquide a véritablement commencé.
Aujourd’hui, l’or noir a un potentiel remplaçant : l’hydrogène naturel, un gaz que l’on dit propre et renouvelable. Mais son plus grand défaut serait d’être diffus. Dès lors, certains géologues s’interrogent : existe-t-il des systèmes hydrogène analogues à ceux du pétrole ou des moyens d’emprisonner ce gaz ? Si oui, quelles sont les conditions géologiques favorables à la formation d’un gisement d’hydrogène exploitable ? Pour répondre à ces questions, il faut d’abord comprendre comment l’hydrogène se forme, se déplace dans le sous-sol et peut s’accumuler.
La nécessité de résoudre d’abord certaines problématiques
La première difficulté est de savoir réellement comment se forme ce gaz. L’explication communément admise est celle de l’oxydation, qui fixerait l’oxygène de l’eau et libérerait l’hydrogène. Les roches anciennes, telles celles des vieux cratons, sont de bons candidats pour cette oxydation, car elles se sont mises en place à un moment où l’atmosphère terrestre contenait peu voire pas d’oxygène : elles n’ont donc pas été oxydées.
Autres préoccupations : ce gaz est-il émis tout au long de l’année ? Grâce aux capteurs installés au Brésil, les chercheurs d’ENGIE Lab CRIGEN n’ont pu enregistrer qu’un signal ponctuel dans le temps. D’un jour à l’autre, les chercheurs ont noté des variations d’un échappement, voire sa disparition, ou l’apparition d’un autre ailleurs.
Il apparait donc nécessaire d’apporter des réponses claires à toutes ces interrogations si l’on veut un jour exploiter à grande échelle ce gaz prometteur pour la planète.