Le royaume saoudien vise la neutralité carbone à l’horizon 2060. Simple effet d’annonce à la veille d’une COP26 de toutes les urgences climatiques ou réel engagement ?
Voilà une annonce qui ne manquerait pas de susciter des réactions. L’Arabie Saoudite a en effet déclaré à travers le prince Abdulaziz bin Salman Al Saud, qu’il souhaite atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Pour ce faire, l’autorité saoudienne qui s’exprimait lors de l’initiative verte abritée par Riyad en préparation de la COP26 prévue fin octobre à Glasgow, a indiqué que son pays va rehausser son objectif annuel de réduction des émissions de gaz à effet de serre à 280 millions de tonnes. Soit un peu plus du double du chiffre précédent fixé à 130 millions.
À quelques jours d’un autre grand raout climatique prévu sur les terres saoudiennes et auquel l’envoyé spécial américain pour le climat, John Kerry, devrait assister, l’annonce de Riyad est symboliquement à tout le moins, forte. D’autant que le royaume fait l’objet d’intenses lobbyings aux fins d’une adhésion à une initiative internationale pour une réduction à 30% d’ici 2030 de ses émissions de méthane.
De légitimes interrogations
La COP26 à l’horizon donne par ailleurs plus de consistances à ces annonces saoudiennes. Mais là pourrait également résider le piège. Celui qui consisterait notamment pour la communauté de se laisser embarquer dans l’opération séduction du plus grand pollueur au monde. Car il ne fait aucun doute que la dépendance de l’Arabie Saoudite à l’or noir dont elle est un des principaux exportateurs mondiaux va se poursuivre dans les années à venir. Mohammed bin Salman ne s’en est d’ailleurs pas caché lors de son annonce rapportée par Associated Press, indiquant que le pays continuerait d’assurer son « rôle de premier plan dans le renforcement de la sécurité et de la stabilité des marchés mondiaux de pétrole » (sic).
Cette appétence pour le fossile est à l’origine du peu d’engagements des Saouds en faveur de la transition énergétique que de nombreux rapports sur le climat appellent pourtant de leurs vœux dès maintenant. Mais le royaume ne l’entend pas de cette oreille. Les rares projets verts entrepris par le pays sont encore en plein balbutiement. Comme cette volonté de faire intervenir le renouvelable à 50 % dans ses besoins énergétiques d’ici la fin de la décennie ou encore l’implantation de dix milliards d’arbres comme contribution au combat contre le réchauffement.
Autant de raisons qui devraient refroidir l’enthousiasme autour du présent objectif de neutralité de carbone.