La compagnie aérienne a effectué un premier vol long-courrier à destination de Montréal avec un réservoir d’aéronef rempli à 16 % de biokérosène. La performance réalisée avec l’appui de Total participe de l’immense défi de décarbonation du secteur aérien.
Chez Air France, les modalités d’un transport aérien écolo-responsable et plus en adéquation avec le monde d’après, se préparent dès maintenant. Illustration avec le dernier exploit réalisé par la compagnie il y a quelques jours. Elle a en effet réussi à réaliser pour la première fois de son histoire un vol long-courrier grâce à l’huile de cuisson usagée. L’appareil qui a fait le trajet Paris-Montréal mardi 18 mai contenait dans son réservoir 16 % de SAF (de l’anglais sustainable aviation fuel), produit à base de graisses animales par Total. Le pétrolier a démarré il y a peu la production sur son site de La Mède situé dans les Bouches-du-Rhône, de biocarburants censés alimenter dans un premier temps les aéroports français.
Satisfecit d’Air France
L’exploit du vol AF342 d’Air France a ravi plusieurs acteurs du secteur, à commencer par les responsables de la compagnie aérienne tricolore. Sa directrice générale Anne Rigail s’est dite convaincue sur Twitter du rôle décisif des carburants durables dans le processus de décarbonation de l’aviation. Le ministre délégué aux transports, Jean-Baptiste Djebbari s’est lui félicité de cet accomplissement qui à l’en croire, contribue à réduire de 20 tonnes les émissions de gaz à effet de serre de l’avion.
L’initiative n’est pas nouvelle de la part d’Air France, mais elle marque un pas en avant dans sa politique de réduction de ses empreintes carbone. La compagnie aérienne française avait en effet fait voler à travers le territoire national des dizaines d’avions remplis à 10% de biocarburants entre 2014 et 2016.
Un long chemin avant une adoption totale des SAF
Les carburants du futur de type SAF sont utilisables immédiatement par les avions contrairement à l’hydrogène par exemple qui demande un ajustement préalable des moteurs. De plus, ils sont moins polluants que les carburants à base d’énergie fossile. D’où leur rôle prépondérant dans la réduction de 50% des rejets de dioxyde de carbone d’ici 2050 par rapport à 2005 telle que recommandé au transport aérien.
Mais le prix à payer pour y parvenir est encore trop important pour le secteur. 1% de SAF dans le réservoir d’un vol Paris-New York engendre une augmentation du coût des billets d’avion de l’ordre de 5 dollars par passager, selon Total. D’où l’appel des défenseurs de la planète à privilégier plutôt une réduction du trafic aérien.