Les habitants de la capitale japonaise voient leur facture d’eau partiellement prise en charge pendant l’été afin qu’ils utilisent davantage leur climatisation. L’objectif : lutter contre les canicules meurtrières qui frappent la ville, surtout dans cette période.
« Nous allons prendre en charge la partie fixe de l’approvisionnement en eau, à titre exceptionnel cet été ». En vue de l’été prochain, la gouverneure de Tokyo Yuriko Koike a annoncé mardi 20 mai la prise en charge partielle des factures d’eau des habitants de la capitale japonaise.
Cette mesure concerne la redevance fixe mensuelle qui s’élève à 860 yens (5,30 euros) pour une conduite de 13 millimètres, 1 170 yens (7,20 euros) pour une conduite de 20 mm et 1 460 yens (9 euros) pour une conduite de 25 mm. Cependant, environ 80% des 8,2 millions de foyers concernés disposent de canalisations de 20 mm.
Cette exonération devrait nécessiter pour la municipalité, le déblocage d’une enveloppe spéciale de 36,8 milliards de yens, soit 225,9 millions d’euros. De quoi permettre à chaque foyer d’économiser en moyenne 5 000 yens (30,70 euros).
Pour vaincre le fléau de la canicule
Cette mesure répond toutefois à un enjeu qui dépasse l’aspect financier pour les Tokyoïtes, confrontés à de fréquents épisodes caniculaires en été. Durant cette période – particulièrement en août –, le thermomètre atteint en moyenne 34°C avec un taux d’humidité de 78%.
Dans cette métropole caractérisée par des « îlots de chaleur urbains » – phénomène d’élévation des températures dans certaines zones dû à la concentration d’immeubles de grande taille –, cette situation crée une sensation d’oppression semblable à celle d’un sauna géant.
La situation s’aggrave d’autant plus que les températures enregistrées durant l’été 2024 étaient supérieures de 1,76 degré par rapport à la moyenne calculée entre 1991 et 2020, selon l’agence japonaise de météorologie (JMA).
Malheureusement, la climatisation, pourtant présente dans la quasi-totalité des foyers tokyoïtes, reste largement inutilisée malgré cette chaleur accablante. En cause : le coût prohibitif de l’électricité.
Une expérimentation sociale contre la pauvreté énergétique
La situation s’est particulièrement dégradée depuis le 1er avril, avec l’explosion des tarifs de la compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco), qui a fait passer la facture mensuelle d’un foyer moyen de 436 yens (2,70 euros) à 9 031 yens (55 euros).
Cette augmentation de plus de 2 000% place de nombreuses familles face à un dilemme cruel : se ruiner en électricité ou risquer leur vie en évitant d’utiliser la climatisation. Les chiffres sont éloquents : l’été 2024 a causé 263 décès dus aux coups de chaleur et 8 000 hospitalisations entre juin et septembre.
« Nous craignons que les gens n’utilisent pas leurs climatiseurs parce qu’ils sont préoccupés par le coût de la vie », a déclaré Yuriko Koike pour justifier cette initiative contre la pauvreté énergétique climatique.
