Finance verte : la stratégie contestée de la CDC

La Caisse des dépôts et consignations est mise à l’index pour sa politique de financement jugée climaticide. Le groupe s’en défend.

La Caisse des dépôts et consignations (CDC) serait-elle moins encline aux préoccupations climatiques qu’il n’y paraît ? L’organe reconnu pour sa « contribution significative à l’accélération de l’atteinte des objectifs climatiques nationaux » par un rapport 2023 de la Cour des comptes se retrouve aujourd’hui au cœur d’une polémique sur sa politique écologique.

Elle est ainsi accusée, à travers un document publié le 15 avril par l’ONG Reclaim Finance, d’un certain nombre de griefs à cet effet. L’organisation spécialisée dans la finance durable pointe notamment du doigt l’opacité des investissements de l’institution et leur orientation vers les énergies fossiles.

Des accusations d’autant plus graves que la CDC, dirigée ces sept dernières années par l’actuel ministre de l’Économie Éric Lombard, joue un rôle crucial dans le financement de projets d’intérêt général et le soutien à l’économie française.

Sa casquette de premier investisseur institutionnel français avec 323 milliards d’euros d’actifs financiers, d’après les chiffres du journal Le Monde, l’oblige par ailleurs à une certaine exigence alignée sur les objectifs climatiques du pays.

La confidentialité à l’épreuve de la transparence

Le principal reproche de Reclaim Finance concerne le « grand manque de transparence » de la Caisse des dépôts qui « ne publie ni la liste des entreprises détenues dans ses portefeuilles d’actions et d’obligations ni le détail de ses votes en assemblées générales ».

Une opacité est inacceptable venant d’une institution publique qui devrait « rendre des comptes aux citoyens », selon l’ONG lauréate du prix Goldman pour l’environnement en 2020.

« Nous sommes investisseurs de long terme, nous accompagnons ces entreprises dans la durée, notamment dans leur transformation vers un modèle de transition et de décarbonation », rétorque Nathalie Tubiana, directrice exécutive chargée des finances et de la politique durable, citée par Le Monde.

Selon cette responsable, la publication des informations sur les entreprises en portefeuille pourrait « être détournée dans des stratégies spéculatives » et « nuire au dialogue de confiance » établi avec ces entreprises.

Un impact climatique en question

Alors que Reclaim Finance s’inquiète de la délégation par la CDC à des gestionnaires externes d’une partie de son portefeuille (3%, soit 10 milliards d’euros), assimilant cela à « un potentiel danger pour le climat », l’institution assure qu’il n’en est rien.

À l’en croire, cet argent délégué concerne uniquement des investissements immobiliers et des fonds de capital-investissement (qui investissent dans des entreprises non cotées en bourse).

La CDC ajoute même qu’une partie – moins de 5 milliards d’euros – de ces investissements délégués est spécifiquement destinée à financer la transition climatique et des projets liés à la biodiversité.

Malgré ces justifications, le groupe public affirme ne pas s’interdire d’exclure certaines entreprises de son portefeuille « après avoir franchi toutes les étapes du dialogue actionnarial ».

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