À Dakar, la révolution verte roule à deux roues

Malgré les défis sécuritaires et infrastructurels, une nouvelle génération de citadins adeptes du vélo voit le jour dans les rues de la capitale sénégalaise.

Ils s’appellent Jean, Diagne, Fatou, Aminata ou encore Diery. Jeunes actifs, étudiants ou entrepreneurs, ils ont troqué leur place dans les « car rapides » – ces mythiques minibus multicolores – contre une bicyclette. Chaque jour, ils parcourent plusieurs kilomètres, empruntant la voie aux innombrables scooters et autres taxis réputés toujours pressés.

Vous ne rêvez pas, cette description reflète des scènes de plus en plus fréquentes sur les routes de Dakar, la capitale du Sénégal. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où disposer d’un véhicule s’apparente souvent à un signe d’aisance sociale et financière, une nouvelle communauté voit le jour.

Adeptes du vélo, les membres sont conscients des avantages de cette activité, à la fois pour eux-mêmes, mais surtout pour la nature, à l’heure où le fléau climatique s’accroît en intensité chaque jour un peu plus, avec des manifestations diverses et variées.

Au Sénégal en l’occurrence, des inondations d’une rare ampleur sont à l’origine d’une crue ayant provoqué ces dernières semaines, plusieurs morts et le déplacement de plus de 50 000 personnes, notamment dans le nord.

Une passion en pleine expansion

Au grand dam des autorités qui se succèdent, mais sans jamais parvenir à enrayer le phénomène, malgré des dizaines de millions de francs CFA d’ores et déjà engloutis dans cette cause.  C’est ainsi qu’a émergé depuis peu, ce mouvement adepte de cyclisme.

À l’instar du Docteur Philip Moreira, gynécologue et chef de service à l’Hôpital Dalal Jamm de Dakar, rencontré par l’agence Reuters. Cet homme de 58 ans fait partie d’un club baptisé « Vélo Passion », dont le nombre d’adhérents, dit-il, a doublé ces cinq dernières années, dépassant aujourd’hui les 500 membres.

La preuve d’un changement de mentalité de la part de la population dakaroise, notamment chez une certaine couche sans doute plus au fait de l’urgente nécessité de réduire les émissions de dioxyde de carbone afin de préserver l’environnement et même leur santé.

…mais qui reste très entravée   

C’est d’autant plus impérieux dans une ville comme Dakar réputée pour ses fréquents pics de pollution de l’air, avec des concentrations de particules fines parfois vingt fois supérieures au seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une véritable cause de mort silencieuse.

Reste que la pratique du vélo n’est pas toujours évidente pour les adeptes. La plupart ne s’aventurant sur les routes qu’en fin de semaine, quand la circulation s’apaise. « Entre les voitures qui vous coupent la route et celles qui klaxonnent sans arrêt, ça peut être très difficile« , affirme ainsi Moreira, toujours à Reuters, lui qui a déjà frôlé un accident.

En effet, les routes de la capitale sénégalaise sont réputées parmi les plus meurtrières Afrique. Les tragédies impliquant plusieurs dizaines de morts sont souvent évoquées dans la presse. Par ailleurs, les autorités peinent à suivre ce mouvement du vélo, avec des projets de pistes cyclables toujours attendus.

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