Le magma artificiel qui promet une énergie sans fin

La start-up américaine Mazama Energy vient de creuser le puits géothermique le plus chaud au monde dans l’Oregon, misant sur la conversion de la chaleur terrestre en une ressource électrique abondante, économique et respectueuse de l’environnement.

Une mutation énergétique majeure est engagée dans l’Oregon. Grâce à la géothermie, qui consiste notamment à exploiter la chaleur interne de la planète, Mazama Energy, société américaine spécialisée, a réussi à atteindre des roches affichant une température record de 331 °C. Une première dans l’histoire des solutions géothermiques de ce type.

Le mardi 28 octobre, Vinod Khosla, investisseur et propriétaire du groupe, a officialisé cette percée technologique qui préfigure une nouvelle ère pour la fourniture d’électricité. Ces roches super chaudes représentent en effet une ressource énergétique d’une puissance inégalée, capable de produire de l’électricité de manière continue et sans émissions de carbone.

D’après Vinod, la puissance de ce site pourrait atteindre 5 gigawatts, bien au-delà des standards actuels de la géothermie, généralement situés à quelques dizaines de mégawatts par site.

Répondre à la soif mondiale d’énergie durable

Cette avancée arrive à un moment où la demande globale en énergies renouvelables explose, en raison notamment de la croissance fulgurante de l’intelligence artificielle et des data centers, très gourmands en électricité disponible à tout moment.

Contrairement aux énergies solaires et éoliennes, dont la production fluctue en fonction des conditions météorologiques, la géothermie offre une source d’énergie constante, 24 heures sur 24, 365 jours par an. Cette caractéristique est particulièrement précieuse dans un réseau électrique qui doit faire face à des demandes de plus en plus importantes et imprévisibles.

La technologie utilisée, dite de la « géothermie améliorée », consiste à forer plus profondément que les systèmes géothermiques traditionnels. Plutôt que de se limiter à des zones où la chaleur de la Terre affleure naturellement (sources thermales, volcans), Mazama cible les couches rocheuses très profondes, bien plus chaudes et surtout disponibles potentiellement partout sur Terre.

Réduction de l’empreinte et révolution des coûts

Grâce à la température extrême des puits, l’entreprise affirme pouvoir réduire de 75 % sa consommation d’eau par rapport aux systèmes classiques. « À 450 °[Celsius], on obtient 10 fois plus de puissance par puits qu’à 200 °. On obtient également un coût considérablement inférieur, compétitif — sans se soucier des émissions de carbone — par rapport au gaz naturel« , indique Khosla, repris par TechCrunch.

Le processus développé par Mazama Energy ne fait toutefois pas l’unanimité dans la communauté scientifique. Certains spécialistes se montrent prudents face aux impacts éventuels de forages aussi profonds, réalisés dans un environnement extrême.

Le coût des forages profonds reste également prohibitif, avec des investissements initiaux pouvant atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros pour un seul puits. La complexité technique de ces opérations nécessite également un savoir-faire spécialisé et des équipements de pointe.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *