De la banane au textile

Une entreprise taïwanaise transforme les fibres de banane en textiles durables pour répondre aux besoins d’une industrie textile soucieuse de réduire son empreinte carbone.

« De la terre agricole aux matériaux, créer un avenir durable ». Telle est la mission de Farm to Material, entreprise taïwanaise spécialisée dans la transformation de fibres de banane en textiles durables.

Le processus consiste à récupérer les pseudo-tiges des bananiers, cette partie de la plante habituellement abandonnée dans les champs après la récolte des fruits. Ces déchets agricoles sont ensuite broyés et séchés pour en extraire des fibres naturelles aux propriétés textiles décrites comme remarquables.

Une fois extraites, ces fibres de banane peuvent suivre deux voies principales de transformation. Soit elles sont filées en fil textile qui peut être mélangé avec du coton pour créer des tissus hybrides destinés à la confection de vêtements comme des chaussettes, soit elles sont traitées différemment pour produire du cuir végétal, une alternative écologique au cuir traditionnel.

« La fibre de banane performe en fait mieux que le coton ordinaire en termes de consommation d’eau, d’absorption et de stabilité d’approvisionnement, ce qui la rend très prometteuse pour les applications futures », explique Charlotte Chiang, directrice du département innovation et design durable de la Fédération textile de Taiwan, à Reuters.

Un énorme potentiel pour une industrie en quête de décarbonation

Ce processus s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire où rien ne se perd. Les mêmes terres produisent à la fois de la nourriture (les bananes) et des matériaux textiles (les fibres issues des tiges).

« Nous nous assurons maintenant que toutes nos sources de matériaux proviennent d’aliments ou de restes de l’agriculture ou de l’industrie alimentaire. Nous transformons ensuite ces restes en matériaux utilisables« , précise Nelson Young, à la tête de l’entreprise, qui nourrit de grandes ambitions.

Même si pour l’heure, aucune commande d’envergure n’a encore été enregistrée. Dans un contexte où l’industrie textile est pointée du doigt comme l’une des plus polluantes au monde, responsable de 10% des émissions globales de CO2 et de la pollution de millions de litres d’eau, Farm to Material dispose d’un potentiel important.

Du « Royaume de la banane » à la renaissance agricole

L’histoire de cette innovation prend racine dans le passé glorieux de Taïwan, comme le raconte Reuters. Dans les années 1960, l’île était fièrement surnommée le « Royaume de la banane », réputée dans le monde entier pour la qualité de ses fruits tropicaux.

Cette époque dorée de l’agriculture taïwanaise s’est cependant progressivement estompée avec l’essor fulgurant de l’industrie technologique, qui a fait de Taïwan un leader mondial dans la production de semi-conducteurs.

Aujourd’hui, Nelson Young souhaite redonner ses lettres de noblesse à ce patrimoine agricole. « La nouvelle économie du futur sera gérée de manière durable« , indique l’entreprise sur son site internet.

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