En Afrique du Sud, la santé publique appelle à l’abandon du charbon

Ce combustible fossile est présenté comme un facteur aggravant de la mortalité dans le pays, selon une récente étude.

Alors que l’économie sud-africaine reste fortement dépendante du charbon, une nouvelle enquête appelle le pays à revoir son rapport avec cette source d’énergie dont la responsabilité dans la dégradation du climat ne fait plus l’ombre d’un doute.

Les données publiées jeudi 6 février par le Conseil sud-africain de recherche médicale (SAMRC) indiquent que les populations vivant à proximité des centrales à charbon présentent un risque de mortalité supérieur de 6% par rapport au reste du pays.

L’étude, fruit d’une vaste enquête épidémiologique menée entre 1997 et 2018 en collaboration avec le Département britannique pour le développement international (DFID), a passé au peigne fin près de 3 millions de certificats de décès en les comparant avec les données de qualité de l’air à travers le pays.

Elle révèle que les maladies cardiovasculaires constituent une préoccupation majeure dans les zones concernées. Les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables, avec une augmentation directe des cas de pneumonie pour chaque hausse de dix parties par milliard des niveaux de dioxyde d’azote et de dioxyde de soufre.

Une proximité littéralement dangereuse

« Certains bébés sont affectés avant même leur naissance, avec des cas plus nombreux d’anomalies telles que les fentes labiales et palatines dans les régions abritant des centrales électriques à charbon », pointent les auteurs.

D’où leur recommandation d’un démantèlement desdites centrales électriques à charbon. « Nous sommes conscients que cela ne se produira pas immédiatement, mais la production d’électricité à partir du charbon a un impact si négatif sur la santé humaine que nous ne pouvons l’ignorer« , confie Caradee Wright, co-auteure de l’étude, lors de sa présentation à Pretoria dans des propos cités par Reuters.

Les chercheurs appellent également à une application plus stricte des limites d’émissions nocives dans la « ceinture de charbon » sud-africaine, qui abrite quelque 3,6 millions de personnes.

L’amélioration de la surveillance sanitaire pour suivre les maladies liées à la pollution dans les régions affectées, en identifiant et en traitant efficacement les impacts sur la santé, est par ailleurs évoquée.

Un dilemme économique et sanitaire

Ce rapport intervient dans un contexte délicat pour l’Afrique du Sud, tiraillée entre ses engagements climatiques internationaux et ses réalités économiques. Le secteur du charbon emploie environ 90 000 personnes dans le pays, à en croire l’agence de presse britannique.

Des emplois que les syndicats défendent avec acharnement face aux différentes initiatives de promotion de transition énergétique, à l’instar d’un programme partiellement financé par des donateurs internationaux afin d’accélérer l’adoption des énergies solaire et éolienne.

Par ailleurs, le Congrès national africain (ANC) au pouvoir reste divisé sur l’avenir des centrales à charbon du pays, comme le relève Reuters.

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