L’écologie sacrifiée

L’ancienne députée écologiste Marie-Hélène Aubert, fait dans une tribune au journal Le Monde, le constat d’échec des politiques climatiques mondiales au cours de la dernière décennie.

Que reste-t-il des avancées symbolisées par la Conférence de l’ONU pour le climat tenu en 2015 à Paris ?

Cette rencontre historique, remarquable tant par son ambition – maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2°C, avec pour objectif de la limiter à 1,5°C – que par l’adhésion massive qu’elle a suscitée (195 pays signataires), semble n’être devenue au fil des ans qu’un souvenir sans substance, évoqué uniquement pour se donner bonne conscience.

C’est le diagnostic, froid, sans concession et accablant, posé par Marie-Hélène Aubert sur l’état de la prise en compte du fléau climatique par les pouvoirs publics. Un constat qui n’épargne finalement aucune entité.

Ni l’Union européenne décrite comme en pleine procrastination, ni la France où le ministère de l’Environnement a été d’après l’ancienne eurodéputée des Verts, « démantelé dans l’indifférence générale », avec en prime, l’évacuation « en deux minutes » par le nouveau premier ministre François Bayrou, de la question climatique et écologique dans sa déclaration de politique générale.

Comme une ère d’immobilisme

C’est encore moins le cas aux États-Unis où Donald Trump retrouve le Bureau ovale avec la promesse d’un forage effréné des puits de pétrole.

« Aucune des stratégies et planifications prévues en la matière n’a été adoptée à ce jour, financements et régulations régressent », pointe dans Le Monde celle qui fut conseillère de François Hollande pour les négociations internationales sur le climat et l’environnement (2012-2016).

Marie-Hélène Aubert déplore que le pouvoir en place à l’époque de cette COP21 n’ait tiré « aucun bénéfice politique ni médiatique de la réussite » de l’événement. Une situation qui s’applique également, à l’en croire, au Grenelle de l’environnement organisé huit ans plus tôt.

« Manifestement, les actions ambitieuses en matière de transition écologique ne paient ni médiatiquement ni électoralement. Les politiques ne les revendiquent même pas, par manque de conviction ou parce que les électeurs n’en font pas une priorité dans leur vote non plus », écrit-elle.

Des obstacles systémiques

À l’origine de cette situation, figure un condensé de facteurs, selon Marie-Hélène Aubert. Ainsi, elle estime que le monde politique et médiatique reste prisonnier d’une vision étroite du développement, obsédé par les décimales de croissance du PIB.

L’instabilité chronique des dispositifs de transition écologique constitue un autre frein majeur, marqué par le détricotage des mesures déjà en place par chaque nouveau dirigeant. De quoi favoriser un environnement incertain décourageant pour tout investissement à long terme.

« Rien ne semble donc arrêter, ou si peu, la machine infernale qui inéluctablement nous conduit à une planète de plus en plus abîmée et en surchauffe, et à des catastrophes en chaîne. Qu’est-ce qui ne marche pas ? Pourquoi si peu d’avancées ? », s’interroge l’ancienne militante du Parti socialiste, comme un cri en plein désert.

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