Mégabassines : interdiction des manifestations prévues dans le Poitou

Vers une épreuve de force ? Alors que des manifestations contre la construction de mégabassines devaient se tenir cette semaine dans le Poitou, les préfectures de Vienne et des Deux-Sèvres ont déclaré mardi leur interdiction. Elles craignent de nouvelles violences, après celles de Sainte-Soline en mars 2023.

Ça risque de chauffer dans le Poitou, à une semaine des Jeux olympiques de Paris. En effet, la préfecture de Vienne a annoncé mardi l’interdiction des manifestations à Saint-Sauvant, alors qu’une mobilisation contre des projets de mégabassines était prévue par diverses organisations. La préfecture des Deux-Sèvres, où est prévu campement de l’eau, a pris la même décision.

Des rassemblements pour attirer le regard du monde entier sur les mégabassines

Le weekend dernier, quelques 120 organisations, syndicats et collectifs ont annoncé une série d’actions du mardi au dimanche contre la construction de grandes retenues d’eau dans le Poitou. Objectif : attirer « les regards du monde entier sur leur combat », au moment où les délégations et les athlètes arrivent par vague à Paris pour les JO 2024.

Deux moments clés devaient marquer cette semaine de mobilisation. D’abord un grand rassemblement ce vendredi à Saint-Sauvant (Vienne), sur le site d’une future bassine. Puis une manifestation devant le terminal agro-industriel du port de La Rochelle (Charente-Maritime). Les organisateurs annoncent aussi la mise en place d’un « Village de l’eau » à Melle, dans les deux Deux-Sèvres.

Les manifestations à Sainte-Soline encore dans les mémoires

Ce campement sera installé à 15km seulement de Sainte-Soline, un lieu chargé de symboles pour les militants anti-bassines. En effet, c’est là qu’ils s’étaient mobilisés en mars 2023 sur le chantier d’un grand réservoir d’eau à ciel ouvert. Les violents affrontements qui ont eu lieu avec la police ont pris des allures de guérilla. Ils ont fait plusieurs blessés, dont une quarantaine de gendarmes.

Les préfectures de Vienne et des Deux-Sèvres craignent de nouvelles violences

Le ministère de l’Intérieur avait dû employer les grands moyens pour contenir des activistes très déterminés à stopper le projet de mégabassines. Au moins 3000 gendarmes avaient été mobilisés sur le site. Ils auraient tiré plus de 5000 grenades lacrymogènes en seulement une heure, d’après la Ligue des droits de l’Homme, qui avait dénoncé « un usage immodéré et indiscriminé de la force ».

Pour justifier l’interdiction des rassemblements de ce vendredi, la préfecture de Vienne rappelle ces faits. Ainsi, relève-t-elle, les « dernières manifestations ont donné lieu à des débordements violents, avec des atteintes aux biens et aux personnes ». Par ailleurs, les autorités de locales regrettent que les organisations n’aient pas répondu à leurs invitations pour des réunions sur les rassemblements prévus.

Des mobilisations visant à arracher un moratoire sur la construction des mégabassines

Pour leur part, les militants accusent les préfectures de refuser « tout dialogue avec les opposants », préférant une « mise en scène pour justifier des dispositifs répressifs ». Face aux incompréhensions, on devrait assister à un nouveau bras de fer ce weekend. Parmi les organisations à l’origine de la mobilisation figurent Bassines Non Merci (BNM), Attac, Soulèvements de la Terre et l’Union Solidaires.

Grâce à leurs actions, ces associations espèrent arracher au gouvernement un moratoire sur la construction des mégabassines. Ces mégabassines sont de gigantesques ouvrages de stockage d’eau destinées à répondre aux besoins de l’industrie agro-alimentaire en période critique (rareté de l’eau, assèchement des sources). Elles se constituent essentiellement pendant l’hiver via l’eau de pluie.

Les agriculteurs considèrent les militants comme des « écoterroristes »

Mais les ONG environnementales assurent qu’il s’agit aussi de pompages d’eau et que cela accentue la pression sur la ressource. Elles pointent un impact désastreux des mégabassines sur le milieu naturel et la biodiversité. De leurs côtés, les agriculteurs s’inquiètent des actions contre ces installations, qui sont pour eux une assurance-récolte face au changement climatique. Ils considèrent les militants comme des « écoterroristes » et se réservent le droit de se défendre.

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