Depuis la création par Pékin du conglomérat China Rare Earth Group, en décembre 2021, la Chine constate une hausse des prix des terres rares. Si c’est ce qu’elle souhaitait, cette augmentation des tarifs est un peu trop importante. Ce qui représente un risque à long terme pour l’industrie. Pour éviter l’explosion de la bulle, le gouvernement a appelé, début mars, les principaux producteurs nationaux à ramener les prix à un niveau raisonnable.
La Chine représente 57 des approvisionnements mondiaux
Début décembre 2021, Pékin a créé un géant des terres rares nommé China Rare Earth Group par la fusion des principaux producteurs nationaux. Cette méga-entreprise pèse pour plus de 60% de la production chinoise des terres rares lourdes et 30% des terres rares légères. Elle devait permettre au gouvernement, qui en détient 31% des parts, de stabiliser la production nationale et de renforcer sa domination sur le secteur. Actuellement, l’empire du milieu représente 57 des approvisionnements mondiaux.
Grâce à son conglomérat, la Chine pourrait influencer les négociations commerciales avec Washington et Bruxelles qui sont fortement dépendants de sa production. En effet, les Etats Unis et l’UE importent respectivement 80 et 90% de leurs terres rares du géant asiatique pour alimenter leurs industries de pointe (construction de véhicules électriques, panneaux solaires et éoliennes, fabrication de smartphones, d’écrans plasma, d’équipements militaires, etc.).
La trajectoire ascendante se poursuivra en 2022
La création de China Rare Earth Group devait également permettre à Pékin de contrôler les prix des terres et de les revaloriser. Jusqu’alors les tarifs étaient éclatés et très bas de gamme en raison de la concurrence forte. Cette situation faisait perdre des recettes considérables au gouvernement. Depuis décembre dernier, les coûts ont effectivement grimpé. Un kilogramme d’oxyde de néodyme, par exemple, coûte désormais environ 173 dollars, contre environ 108 dollars en mars 2021.
Les analystes prédisent que la trajectoire ascendante se poursuivra cette année à cause d’une demande croissante (+5 %), alors que les approvisionnements se resserrent du fait notamment de la fixation par la Chine d’un quota d’exportation. Il y a aussi des perturbations d’activités à cause de la pandémie et la fermeture du passage frontalier clé avec le Myanmar, où la Chine tire la moitié de sa production de terres rares lourdes.
Une hausse préjudiciable à long terme
L’empire du milieu profite pleinement de la hausse des prix des minéraux critiques. Car des tarifs plus élevés signifient des ventes plus lucratives et plus de recettes fiscales pour l’Etat. Les entreprises mondiales se trouvent parallèlement renforcées car elles ont maintenant accès à des emprunts considérables à des taux préférentiels. Elles peuvent ainsi conquérir le marché international en acquérant des concurrents.
Ces groupes avaient déjà imposé une certaine suprématie grâce aux investissements massifs de Pékin et un réseau de raffinage de brut plus vaste. Si cette augmentation des tarifs est bénéfique à court terme, elle pourrait toutefois être préjudiciable à long terme. Selon les analystes, elle pourrait pousser les acteurs en aval à remplacer les produits comme les aimants. Il y aura aussi un déséquilibre sur la redistribution de la chaîne industrielle et de la chaîne de valeur.
Pékin appelle à un niveau de prix raisonnable
Pour éviter un dérèglement du marché, l’Etat a convoqué début mars les principaux producteurs (China Rare Earth Group, China Northern Rare Earth Group et Shenghe Resources) pour leur demander de réglementer leur exploitation et leur commerce afin d’empêcher toute spéculation boursière ou thésaurisation. En fait, il leur demande de ramener les prix à un niveau raisonnable. Le gouvernement a également exhorté les entreprises à prendre l’initiative de promouvoir un mécanisme commun et unique de tarification des produits de terres rares.