Une étude révèle une lacune majeure dans la couverture médiatique du changement climatique aux États-Unis, en l’occurrence l’impact de l’élevage et de la consommation de viande.
Parcourez la presse américaine et vous avez très peu de chances d’y trouver mention de la consommation de viande comme l’un des facteurs du changement climatique. C’est le constat dressé par l’organisation de presse à but non lucratif Sentient Media dans une étude récemment publiée.
Celle-ci a porté sur 940 articles récents consacrés au climat, provenant de 11 médias, dont le Washington Post, le New York Times, Reuters, CNN et The Guardian, à travers une sélection manuelle des articles pertinents, en excluant les éditoriaux et les mentions superficielles du changement climatique.
Il en ressort que 96,2 % de ces articles n’établissent aucun lien entre la production de viande ou l’élevage et le changement climatique. Ainsi, seuls 36 articles ont à la fois mentionné et contextualisé l’impact climatique de l’agriculture animale.
Ce silence médiatique est d’autant plus frappant qu’environ un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre proviennent des systèmes alimentaires, la viande – particulièrement le bœuf – en étant le principal responsable.
Un silence médiatique qui entretient l’ignorance collective
Ces émissions proviennent principalement de la fermentation entérique – autrement dit, les rots des vaches – et de la déforestation massive nécessaire pour créer des pâturages et cultiver l’alimentation animale.
Cette lacune dans la couverture journalistique a des conséquences directes sur la perception du public, comme le révèle une étude réalisée en 2023 par le Washington Post en collaboration avec l’Université du Maryland.
Ainsi, 74 % des Américains pensent que manger moins de viande aurait peu ou pas d’effet sur le changement climatique, d’après un sondage réalisé en 2023 par le Washington Post et l’Université du Maryland.
Si l’étude n’aborde pas les raisons de cette autocensure, consciente ou non, des rédactions, quelques pistes de réflexion émergent : la sensibilité de la question de la viande aux États-Unis, et le poids à la fois économique et politique de l’industrie agroalimentaire.
Une responsabilité journalistique accrue
La presse ne saurait pourtant fermer les yeux plus longtemps sur l’impact de la consommation de viande sur le changement climatique. D’autant que cette industrie bovine, grande contributrice au réchauffement climatique, en devient paradoxalement la première victime.
Les sécheresses prolongées bouleversent l’élevage et font grimper les prix à des niveaux jamais vus actuellement aux États-Unis, révélant la vulnérabilité du système alimentaire face au dérèglement qu’il contribue lui-même à engendrer.
Ce cercle vicieux devrait interpeller les rédactions. Car en occultant le lien entre viande et climat, les médias privent le public d’une compréhension essentielle des bouleversements économiques et alimentaires qui frappent déjà le pays.