Un groupe d’experts recommande à l’État de faire évoluer les règles de la publicité de façon à favoriser des produits plus respectueux de l’environnement et meilleurs pour la santé.
Le matraquage médiatique à travers la publicité est un des outils de persuasion les plus utilisés de l’époque. Que ce soit à travers la télévision, la radio ou encore via internet, la pub tend à inciter sa cible sur une certaine voie, vertueuse ou pas. Qu’en serait-il d’une communication commerciale uniquement orientée vers la consommation écoresponsable ?
C’est en tout cas ce que souhaite un groupe d’experts de l’Inspection Générale des Finances, celle de l’Environnement et du Développement Durable, et celle des Affaires culturelles dans un document de 465 pages ayant récemment fuité dans la presse.
Fruit de six mois de travail sur les possibles moyens de régulation des incitations du consommateur français à acheter les produits les plus nocifs pour l’environnement, le rapport commandité en juillet 2024 par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, fait le constat que « les communications commerciales […] qui font partie de la chaîne de valeur menant à la consommation […] ont vocation à être associées » à l’effort de verdissement de la publicité.
Des interdictions ciblées et un encadrement renforcé
Car selon les auteurs cités par le site d’information Strategies, une grande partie des contenus sont aujourd’hui « dirigés vers des produits non durables ». De fait poursuivent-ils, le consommateur qui « subit des injonctions contradictoires », « invité à la fois à plus de sobriété et à plus de consommation, est considéré comme seul responsable de ses actes d’achat ».
« Ni la réglementation ni l’autorégulation par les professionnels ne permettent d’assurer que les communications commerciales contribuent à une consommation plus durable », pointe encore le rapport, qui s’inspire du modèle de la loi Evin. laquelle vise à protéger la santé publique en limitant la promotion et la consommation de tabac et d’alcool.
Les inspecteurs préconisent ainsi des mesures concrètes, comme l’interdiction des communications commerciales pour les trajets courts en avion, les SUV et autres véhicules particulièrement polluants, ainsi que pour les énergies fossiles.
Une gouvernance rénovée pour un impact maximal
Pour les produits alimentaires, le document recommande de rendre obligatoire l’affichage du Nutri-Score dans les messages publicitaires et sur les produits eux-mêmes. Il suggère également de « réduire le volume de communications commerciales pour les produits classés D et E – les deux dernières catégories de ce système d’étiquetage nutritionnel –, sur les étals et dans les communications commerciales touchant les enfants ».
Les auteurs suggèrent en outre que l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) supervise l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), avec en dernière instance un contrôle direct de Matignon.
De quoi « assurer un suivi global des communications commerciales et de leur contribution à une consommation plus durable ».