Le Brésil, plus grand exportateur de bœuf au monde, risque de compromettre ses objectifs climatiques si le rythme actuel de ses émissions de méthane ne ralentit pas, selon une récente étude.
Si l’industrie bovine brésilienne prospère, le climat en paie le prix fort. Les émissions de méthane du pays ont ainsi enregistré une hausse de 6% entre 2020 et 2023, culminant à 21,1 millions de tonnes, selon l’Observatoire du climat.
Il s’agit du deuxième niveau le plus élevé jamais atteint par le Brésil. De quoi placer le géant sud-américain au cinquième rang mondial des émetteurs de méthane, derrière la Chine, les États-Unis, l’Inde et la Russie, d’après ce réseau d’organisations environnementales de la société civile locale.
Les trois quarts de ces émissions proviennent directement de l’élevage bovin. Avec 14,5 millions de tonnes de méthane rejetées par les bovins de boucherie et laitiers en 2023, l’équivalent de 406 millions de tonnes de CO2, le Brésil dépasse même la totalité des gaz à effet de serre émis par l’Italie sur la même période.
Le méthane, un ennemi climatique redoutable
Comme le rappelle l’Observatoire du climat, « le méthane est un gaz à effet de serre qui peut réchauffer la planète bien plus que le dioxyde de carbone ». Cela veut concrètement dire que sur une période de 20 ans, une tonne de méthane réchauffe l’atmosphère autant que 80 tonnes de CO2.
Cette capacité destructrice fait du méthane l’un des gaz à effet de serre les plus dangereux pour le climat, capable d’accélérer le réchauffement climatique à un rythme effréné. D’où la nécessité de développer des approches spécifiques au secteur agricole pour réduire ces émissions.
Pourtant, la viande bovine brésilienne alimente les marchés mondiaux et contribue à la sécurité alimentaire de nombreux pays. Le Brésil a ainsi exporté environ 3,6 millions de tonnes de bœuf en 2024, soit le double des exportations de l’Australie, deuxième plus grand fournisseur mondial.
En juillet 2025, le pays a même enregistré le plus grand volume mensuel d’exportation de bœuf de son histoire, avec 313 682 tonnes expédiées.
Le cas de la Nouvelle-Zélande comme modèle
Dans ce paysage préoccupant, l’exemple de la Nouvelle-Zélande apporte une note d’optimisme, d’après Gabriel Quintana, spécialiste des gaz à effet de serre à l’ONG brésilienne Imaflora cité par Reuters.
Malgré son statut de producteur majeur de bétail, le petit pays du Pacifique a en effet réussi à inverser la tendance et à réduire ses émissions de méthane agricole.
Cela suggère que des innovations techniques, des changements de pratiques agricoles et des politiques publiques adaptées peuvent transformer le secteur de l’élevage sans nécessairement sacrifier sa productivité.
Toutefois, avec un cheptel bovin de plus de 200 millions de têtes, soit environ dix fois celui de la Nouvelle-Zélande, le Brésil fait face à une complexité logistique et économique bien plus importante.