Énergie : Macron raille le « Drill » de Trump

Le président français se positionne à rebours de la doctrine de son homologue américain dans des ressources énergétiques face au besoin important de l’intelligence artificielle.

« Dans ce monde où j’ai de bons amis de l’autre côté de l’océan qui disent ‘Drill, baby drill’ – ‘forez, forez et forez encore’–, ici il n’y a pas besoin de forer : c’est ‘Plug baby plug’. Il faut brancher, brancher et encore brancher. L’électricité est disponible, vous pouvez vous brancher« .

Dans une intervention remarquée lors du Sommet de l’intelligence artificielle (IA) à Paris (les 10 et 11 février dernier), le président français Emmanuel Macron a lancé une offensive contre la politique énergétique américaine désormais incarnée par le nouveau locataire de la Maison Blanche Donald Trump.

Le dirigeant républicain connu pour son aversion à toute politique en faveur du climat, a fait du forage des puits de pétrole, un des principaux axes de son programme économique, quitte à accentuer les émissions déjà importantes de gaz à effet de serre des États-Unis, plus grands pollueurs de la planète.

« Nous aurons quelque chose qu’aucune autre nation manufacturière n’aura jamais, à savoir la plus grande quantité de pétrole et de gaz », a notamment insisté le successeur de Joe Biden, le 10 janvier dernier en marge de son investiture.

Le nucléaire comme atout français

Dans un contexte d’explosion de l’IA entraînant des besoins croissants en centres de données (data centers) particulièrement énergivores, cette approche américaine est à l’opposé de celle défendue par la France.

Celle-ci repose sur un avantage comparatif majeur, notamment le parc nucléaire, qui produit une électricité décarbonée, stable et pilotable, selon les mots du locataire de l’Élysée. Une spécificité, qu’il qualifie de « tout à fait unique » à l’échelle mondiale.

Cette promesse d’une électricité abondante, fiable et respectueuse de l’environnement positionne donc la France comme une destination privilégiée pour ces data centers, objet d’une compétition féroce entre les géants de la tech, avec des millions et des millions d’investissements annoncés.

Au-delà des piques ironiques

Mais la France est-elle vraiment en mesure d’offrir de l’énergie suffisante à ces infrastructures, dont la consommation électrique devrait tripler d’ici à 2035 selon le gestionnaire du réseau électrique (RTE) ? La réponse semble moins simple que la question.

En effet, bien que la France soit exportatrice d’électricité – constituée en 2023 à 65% du nucléaire selon la plateforme de données Statista –, avec un solde de près de 90 TWh envoyés vers l’étranger en 2024, cette autosuffisance n’est pas totale.

« On a besoin de nos voisins l’hiver« , explique Anne Debregeas, ingénieure de recherche chez EDFsur les questions d’intelligence artificielle, citée par Franceinfo. « Si les data centers ont besoin de fonctionner 24 heures sur 24, dans le temps, ça peut devenir tendu », ajoute-t-elle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *